Histoire de la laque
Laque végétale
La laque est utilisée en Chine depuis plus de 3000 ans et s’est ensuite développée dans toute l’Asie du Sud Est.
La laque est une résine végétale, issue de la sève d’un arbre (Rhus vernicifera), que l’on trouve dans plusieurs régions d’Asie (Japon, Corée, Vietnam, Birmanie, Chine…)
De cet arbre est extrait par incisions profondes dans le tronc, une sève qui prend différent nom selon les pays d’extractions:
- Urushi au Japon
- Cay Son au Vietnam…
C’est a partir de cette sève brute récoltée et après de nombreuses étapes de décantation, raffinage et de filtrage que l on obtient différentes laques qui seront classées selon leur degrés de pureté.
La laque vietnamienne Cay Son que j’utilise dans mes créations en laque végétale est extraite d’un arbre à laque (Rhus succedanea), arbre qui n’est exploitable que pendant cinq ans entre sa troisième et sa huitième année.
Pendant cette période l’arbre est excisé et on récolte son latex à l aide de coquilles de moules de rivière placées au point d’incision, la récolte est alors stockée, mise a décanter dans des vanneries laquées et closes hermétiquement.
A ce stade la matière récoltée est un liquide crémeux à l ‘aspect trouble, pour obtenir de la laque transparente et ambrée, il faut baratter à la main avec une palette en bois la couche supérieure du mélange qui a décanté.
C’est la durée et la vitesse de rotation qui permet d’obtenir au bout d’une quinzaine de jours, un liquide transparent qui va du blond au brun foncé.
Cette laque ambrée est la matière de base du travail de la laque (pure elle donne une brillance exceptionnelle, colorée à base de pigments elle définie la palette du peintre).
La laque noire, est elle aussi issue de la transformation du liquide récolté, le barattage s’effectue avec une barre de fer dans un récipient en grès et non en bambou, le même temps est nécessaire pour que le processus d’oxydation permette d’avoir une laque d’un noir d’une profondeur incomparable.
Toutes ces étapes longues et peu productives font de la laque végétale une matière rare et onéreuse.
Laque européenne
Une imitation de laque végétale est inventée en 1730 par les frères Martin un vernis à base copal, le vernis Martin.
Ce n’est qu’au XIXème siècle que les progrès de la Chimie permettent de créer des vernis laque de haute qualité pouvant prétendre imiter les laques végétales.
Ces laques modernes, cellulosiques ou polyuréthanes furent remises au goût du jour par les artistes décorateurs du mouvement Art Déco ( Jean Dunand, Eileen Gray…), qui connaissaient parfaitement le travail de la laque végétale.
Ainsi est né un mouvement différent et identifiable dans l’univers décoratif de la laque.
Ces laques «européennes» se travaillent de la même façon que les laques végétales, mais ne nécessitent pas pour polymériser des contraintes de la laque végétale (environ 28° et 80 % d’humidité).
« Le métier de laqueur est aujourd’hui en constante évolution et ne cesse de s’enrichir de nouvelles expressions qui métissent les techniques traditionnelles et modernes pour faire émerger un art à part entière.»
(LAC)
De la laque au laque
On parle de laque au féminin pour la substance qui devient masculin pour l’œuvre crée.
Plusieurs mois sont nécessaire à la réalisation d’un laque.
Les laques végétale ou européenne se travaillent de la même façon, on prépare le support (généralement en bois dur) avec un apprêt (végétal ou européen) en couches multiples, poncées jusqu’à obtenir une surface lisse et plane.
Cette opération de préparation du support est incontournable, c’est elle qui conditionne la profondeur de l’œuvre.
C’est a partir de cette base que la création de l’œuvre peut débuter la succession de gestes.
En effet chaque couche de laque a un temps de séchage de 2 à 6 jours, puis est polie (avec des abrasifs aux grains de plus en plus fins) sous l’eau avant l’application de la couche suivante.
Ainsi une œuvre finie peut comporter plus de 20 couches.
Rankaku (incrustation de coquilles d’œufs)
Cette technique crée par les laqueurs japonais permet d’avoir du blanc dans les laques (la laque végétale est trop colorée naturellement pour obtenir cette couleur).
Les fragments de coquilles (poule, canard, caille…) sont posés bord à bord sur le support enduit d’une couche de laque fraîche pour former des motifs qui seront noyés dans la laque et réapparaîtront au ponçage, les différentes couches successives vont remplir les interstices et ainsi la surface deviendra lisse en révélant de subtils blancs craquelés.
Plus de 30 ponçages sont souvent nécessaires, et se déroulent sur plusieurs semaines !